L'important n'est pas de nous déplacer mais bien de nous élever. Nous voulons traverser la dernière

vendredi 4 janvier 2013

En famille au coeur du projet "Pour un sourire d'enfant" à Phnom Penh

Difficile de décrire l’ampleur de l’émotion immense qui nous a envahis en franchissant le portail d’entrée de l’organisation « Pour un Sourire d’Enfant ». Nous avions déjà beaucoup lu sur le projet et nous étions préparés depuis la Belgique. Nous en avons vu des réalités fortes et de beaux projets, durant nos années d’expatriation et de voyages. Mais malgré tout, nous retenions à peine nos larmes devant la force de ce que « Papy et Mamy » (Christian et Marie-France initiateurs du projet) appellent si justement « une véritable machine à enrayer la misère ».

Nous y avons passé 5 jours en famille et avons eu la chance d'y rencontrer Papy et Mamy.  Nous avons aussi  passé beaucoup de temps avec deux des soeurs de Marie-France, membres actives depuis le début et membres du Conseil d'Administration de PSE.  
Elles ont toutes deux passé tout le temps qu'il nous a fallu pour comprendre au mieux la réalité des enfants, la passion partagée de Christian et Marie-France et les rouages du projet dans ses arrières coulisses.  Merci à vous deux du fond du coeur Marie-Christine et Marie-Yvonne !
Voici la chambre familiale qui nous attendait
à l’extrémité du bâtiment des filles
Mais tout a commencé à quelques mètres d'ici, en 1995... voici notre photo reportage:

En suivant les enfants qui faisaient les poubelles chaque matin, Christian et Marie-France découvrent une décharge sur laquelle travaillent des centaines d'enfants. Ils sont terrifiés, horrifiés et décident sur le "champs" de changer de vie pour ces enfants, "Pour un Sourire d'Enfant".

Anouck et Manon avec leurs copains/copines pensionnaires à PSE.
Pour eux, un retour en famille n'est actuellement plus envisageable,
soit parce que leurs vies seraient en danger, soit parce que leurs
conditions de vie seraient trop précaires pour éviter un retour à la décharge.
Le quotidien de ces enfants chiffonniers est terrifiant et les témoignages des enfants de PSE sont bouleversants  Ils sont envoyés par leurs parents au matin tôt et ne peuvent rentrer sans avoir ramené suffisamment d'argent.  Ils sont injuriés, battus par leurs parents et parfois obligés de manger ce qu'ils trouvent sur la décharge.  A défaut, ils repartent pour fouiller pour un petit rien de plus, mais au péril de leurs vies.  
Plusieurs sont écrasés par les bulldozers ou enfouis sous les décombres parce que "c'est derrière les bulldozers qu'il faut se trouver pour avoir une chance de trouver ce que l'on cherche": disent les enfants. Ils sont pieds nus dans les ordures, sous le soleil, du matin au soir.  Ils fouillent parmi les déchets fumants et puants.  Partout, ça grouilles d'asticots mais là où ils trouvent un morceau de pain rassi ou une carcasse d'oiseau mort, ils le mangent.  "Je pensais que c'était normal alors c'est ce que je mangeais" explique une enfant de PSE.

La situation était urgente.  Les enfants ont d'abord demandé de pouvoir manger à leur faim.  Papy et Mamy ont alors démarré une distribution de repas sur la décharge-même, abrités par une paillote.  Ils y soignaient aussi les blessures.  Ensuite, les enfants ont très vite demandé de pouvoir aller à l'école comme tous les autres enfants.
En un rien de temps, ils ont été dépassés et ont fait appel au soutien de leurs familles et amis. Après  une première tournée en Europe (dans le mobile-home avec lequel ils avaient parcouru le monde en famille...), ils sont revenus avec une somme d'argent qui leur a permis de construire tout un projet.

Aujourd'hui, grâce à PSE, 6.500 enfants sont en formation actuellement. 2.954 familles sont suivies par PSE au travers des 38 programmes de soutiens spécifiques adaptés aux besoins des familles (scolarisation, planning familial, suivi grossesse, drogue et empêchement d'alcool, distribution de riz, carte santé, hébergement, familles d'accueil,...)
Les programmes sont proposés aux familles par les assistants sociaux, en fonction de leur niveau de pauvreté (1.601 familles gagnent de 50 à 75 Cent $/personne, 958 entre 75 cents à 1,15$/personne, 335 de 1,15  2 $/pers et 50 plus de 2$/pers).  
Les critères sont stricts et réévalués à domicile régulièrement par les équipes de professionnels. Pour permettre aux enfants des familles ne gagnant pas 1,5$/pers, d'entrer dans le programme et de sortir du cercle infernal du chiffonnier, PSE distribue chaque semaine, sous forme de riz "à bon prix", le manque à gagner de l'enfant scolarisé qui ne travaille plus.  Sans cela, les familles mourraient simplement de faim.  Les rations de riz sont sanctionnées à chaque jour d'absence des enfants à l'école.
Les soeurs de Marie-France nous emmènent
découvrir une des réalités de ces enfants chiffonniers.
Elles répondent à nos nombreuses questions.
Nos filles sont interpellées, et nous, bousculés.
Nous ne sommes qu'à quelques mètres de la décharge
qui a été déplacée  aujourd'hui. Quelques familles de chiffonniers
s'y sont installées, y restent et continuent le même métier.
Les chiffonniers vivent sur les déchets,
dans des cabanes faites de bambous et de chiffons.
Autour d'eux, ils entassent tout ce qu'ils ont trouvés dans les rues
ou sur la nouvelle décharge. Ils trient les pneus, les plastiques, les ferrailles,...
Pour seuls outils de travail, ils ont une tige de métal pour fouiller les ordures.
Certains ont une charrette ou un vélo.
Pour ces enfants, la vie a changé ici à PSE. Ils sont sortis de la misère - et de l'horreur pour certains - et entièrement pris en charge jusqu'à ce qu'ils aient trouvé un métier.  Pratiquement 100% sortent de PSE avec un métier à la clé. 
Une participation de leurs familles est exigée, à la mesure de leurs moyens. Les assistants sociaux mènent les enquêtes à domicile répétées pour évaluer l'évolution du niveau de vie des familles et leur réclamer une participation plus ou moins grandes.
Les assistants sociaux travaillent parfois même les nuits à domicile ou les weekends au bureau. Ils sont aussi disponibles 24h/24 en urgence (un bébé a été déposé devant les grille de PSE la veille de notre arrivée) pour protéger les enfants d'une remise au travail, de la maltraitance et d'abus en tous genres. Il est écoeurant de savoir que certains enfants sont vendus par leurs parents, au prix de 20$.  Ces enfants disparaîtront à jamais... à moins que les équipes de PSE ne les rattrapent à la frontière de Thaïlande ou quelque part au Cambodge, aux mains d'un réseau ou d'un pervers (parfois bien de chez nous...) qui osera encore prétendre avoir trouvé l'enfant et s'en occuper ne sachant que faire de lui...

Sauvés de la misère et/ou de l'horreur, les enfants de PSE sont totalement pris en charge. Ils connaissent la vraie valeur de l'éducation et cela se sent ici.  Ils suivent assidûment le programme éducatif et disciplinaire qui leur est proposé. Voici les échos d'une journée type:
6h30' chaque matin du lundi au vendredi: gymnastique,
sous les yeux exigeants et les encouragements de l'équipe éducative.
Ensuite, les garçons d'un côté et les filles de l'autre, à la douche obligatoire.
Avec 2 jeux d'habits, chaque enfant fera aussi la lessive des vêtements qu'il a enfilés la veille.
Les classes sont réparties partout dans le centre de PSE.
L'ambiance y est studieuse.
A midi (et le soir), un repas est servi à la cantine.
tout le monde se présente en file,de façon disciplinée.
Les filles attendent leur tour pour être servies chaque jour d'un bon repas
à base de riz avec viande et une sauce aux légumes
Ici, après le repas, les filles passent, comme tout le monde,
au coin vaisselle.
Vient alors le temps de la sieste, sous la vapeur d'eau fraîche
projetée du toit. Les autres étudient à l'ombre en attendant la reprise de l'après-midi.
Tous les vendredis PM, un cours de morale ou de civisme est dispensé
à l'ensemble des étudiants.  C'est essentiel pour ces enfants qui n'ont
reçu que trop peu de repères éducatifs porteurs.
Après 16h, les enfants s'appliquent à leurs devoirs.
et s'en vont s'entraîner au terrain sportif. PSE est champion
du Cambodge dans plusieurs disciplines. A nouveau, ces jeunes-là
connaissent le prix de l'effort pour réussir.
Ce jour-là, alors qu'Arnaud rencontrait les assistants sociaux,
Catherine partait visiter les familles les plus démunies à bord
du bus infirmerie de PSE.
Il existe deux bus: un pour les villages et un pour les écoles.  
Chaque semaine, le bus passe dans le village (un différent par jour).
Les plus répandus sont la diarrhée, la dysenterie, les rhumes et la toux.
Ici, une petite fille vient pour un énorme furoncle au crâne.
Elle est avec son père qui la frappe à chaque fois qu'elle se débat de douleur.
La douleur est telle qu'elle en tombe presque inconsciente. 
Ceux qui sont le plus en retard sont formés, pendant le secondaire,
dans les écoles professionnelles de PSE,
dont la réputation est aujourd'hui nationale.
Mécanique, restauration, parachèvement, plomberie,
cuisine, hôtellerie, coiffure,...
et les jeunes en formation sont ceux qui nous servent,
à table, en cuisine et dans les chambres.
Quand on sait d'où l'on vient et où l'on va,
on a de quoi afficher une modeste fierté.

Tuk-tuk, nous voilà sur le départ...
d'un autre regard sur la Vie!

3 commentaires:

  1. Merci pour le reportage poignant! Bonne continuation!
    Cedric

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  2. Bonsoir à vous 5,

    Voilà que je me suis mise à parcourir votre voyage ... on n'arrive pas à s'arrêter de lire, de lire, de lire ... c'est un plaisir de voyage avec vous on a l'impression d'être un peu avec vous et de découvrir ce monde là-bas ....
    Merci. Portez vous bien et profiter de cette richesse d'être en famille et de s'ouvrir aux autres .
    A bientôt,
    Gaëlle Grosjean-Cordier

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    1. Salut Gaëlle, nous venons de quitter Nathalie ce matin à l'aube. C'est super de te savoir un peu la tête dans notre aventure. Un grand merci pour ton petit clin d'oeil, ça fait bien plaisir. Mais surtout que tout se passe pour le mieux chez vous !

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